Qu’est-ce que le Land Art pour moi ? Loin d’avoir la prétention de définir un mouvement né bien avant que je n’en prenne conscience, mon intention est plutôt de réfléchir sur ma propre démarche. Hier, je réalisais que les sorties Land Art me manquaient comme un coureur de fond ne peut plus se passer de courir. Après être allée tous les jours à la rencontre de l’éphémère cet été, ne plus pouvoir le faire aujourd’hui génère une absence.
Pour moi, le land art est un exercice proche d’un art martial, une pratique qui me touche mentalement et modifie mon comportement. Le land art avant d’être une réalisation, une action est un état d’esprit vis à vis de ce qui m’entoure. Je ne suis pas sûre de pouvoir clarifier le processus réel que j’utilise (pas sûre d’en avoir qu’un d’ailleurs) mais plutôt distiller quotidiennement une des clés d’accès qui fonctionne pour moi.
Aujourd’hui, l’observation
L’observation à ce qui m’entoure. C’est une immersion complète de tous mes sens à ce qui m’entoure. Je regarde, je sens, j’écoute et je touche. J’ai parfois l’impression d’être comme un aveugle qui décrypte un message avec ses doigts. Je « relis » la nature avec mon corps… et me relie alors à elle. Une chose étrange m’est apparue cet été… La nature s’incarnait. Je ne suis pas devenue folle ou une illuminée… non mon regard ne voyait plus ce qu’il avait l’habitude de voir, la nature en retour ne cessait de me solliciter, de me parler. J’avais basculé dans un monde animée comme ceux des contes pour enfants. Etrange sensation. Je me demande pourquoi j’observe avec tant d’attention la nature qui m’entoure et de manière moindre les femmes et les hommes. Est-ce que le rapport au temps joue ? L’impatience, la nécessité d’un résultat ou d’un objectif, l’intention première feraient obstacle à une observation totale ? La bienveillance totale, l’absence de jugement me permettraient de jouer de tous mes sens ? Je réalise que parler d’observation est peut-être réducteur et qu’il serait plus juste de parler d’immersion sensorielle. Je dis parfois que je suis dans la nature et suis la nature même.
Et le premier geste… (à demain)